Constellations Fertiles: Exposition #10, saison 4
Curation de l'exposition : Pauline Lisowski
Le Consulat Voltaire, 14, Avenue Parmentier, 11e
Les artistes se rencontrent autour de pensées écoféministes, de liens à la terre, de pratiques engagées. En faisant corps collectif, elles libèrent des paroles et nous entrainent dans un processus de coopération, de relations et de réparation. Leurs processus de création relèvent d’un attachement à des rencontres et à la compréhension du monde végétal. Le temps long à l’œuvre, l’observation de ce qui se présente et l’accueil de leurs sensations les amènent à s’ancrer et à se connecter au vivant.
La transmission des gestes de femmes, de génération en génération se révèle dans leurs travaux : une manière de cultiver ces liens féconds et de préserver des savoir-faire de ces grands-mères, ces mères, ces brodeuses, ces jardinières et guérisseuses, dont la douceur est puissance et qui portent en elles les secrets qu’elles livrent à celles qui sauront les respecter. Leurs déplacements en différents lieux nourrissent leurs gestes et leur engagement artistique au quotidien. À nous d’emprunter ces différents chemins qui poussent à agir, à s’investir et respecter les écosystèmes.
Clémence Vazard se laisse imprégner des lieux où elle part en résidence. Ses œuvres restituent des moments d’écoute et d’apprentissage des vertus des plantes qu’elle acquiert auprès des femmes qu’elle rencontre, notamment au Mexique, pays qui lui est devenu cher. Employant la teinture végétale, elle laisse les plantes s’exprimer, préserve la diversité de leurs nuances et fait confiance au processus à
l'œuvre.
L’expérience de vivre à proximité de la forêt guyanaise amène Julie Boileau à aiguiser son regard face à un foisonnement de végétation. Une photographie nous plonge dans cette forêt de lianes, tandis que d’autres œuvres nous invitent à rencontrer de curieuses présences, tels des gardiens et protecteurs des plantes. Ce milieu l’inspire également à passer du temps, à s’émerveiller, à prêter attention au cycle de transformation du vivant. Ses œuvres condensent l’énergie du végétal et ouvrent vers d’autres formes de vie.
Par la pratique du cyanotype associé au travail de la broderie, Gabriela Larrea Almeida se reconnecte avec l’héritage de sa grand-mère équatorienne qu’elle a toujours vu crocheter. Son travail autour des tresses fait référence à une tradition propre à la culture kichwa d'Equateur. Ses photographies jouent sur une fusion entre corps et végétal. Elles témoignent d’une sensation de bien-être, d’un nouveau souffle, au contact d’éléments naturels.
Stéphanie Olivar s’intéresse au vivant, aux liens entre les formes végétales et l’intérieur du corps humain : des mondes fragiles et précieux dont il faut prendre soin. Originaire du Maroc, elle préserve des pratiques ancestrales de broderie d’art de Haute Couture, dans une filiation avec sa grand-mère. Ses œuvres composent de nouvelles topographies, des lieux refuge, où se régénérer, restaurer des connexions avec ses racines et des éléments naturels (mer, terre, arbre).
Face au vivant, entre le bassin d’Arcachon et le Chili, Carine Valette laisse son geste traduire ses émotions. Ses gravures montrant des éléments naturels l’amènent à restaurer une énergie, une certaine douceur dans un moment de contemplation. D’autres travaux plus récents restituent son attention au désert d’Atacama et suggèrent une forme de réconciliation du politique et du spirituel.
Au-delà de récits personnels auxquels tout à chacune, chacun peut se relier, les artistes proposent ici un monde de relations fluides, porteuses d’espoir.
Photos de l'exposition : © Romain Darnaud