Hylé - ὕλη: Exposition #5, saison 4
Curation de l'exposition : Eugénie Bélier
7 rue Elzevir. 75003 Paris
Hylé - ὕλη est issu du grec ancien. Ce terme désigne la matière première qui compose toute chose. Hylé est vivante, elle n’est pas immuable, elle est changeante et composée d’éléments mouvants et hétérogènes.
L’exposition Hylé réunit cinq artistes, cinq visions et une même fascination : la métamorphose de la matière. Leur travail cherche cette dynamique profonde et invisible.
Chaque œuvre capture un fragment du monde en mutation, un instant dans l’énergie du vivant.
Claire Fréchet - la confusion des éléments
Dans sa technique ancestrale, Claire mêle les matières. C’est au contact de la pierre qu’elle referme les pores de sa terre et dans ses céramiques, les éléments se mêlent et s’effacent les uns dans les autres. Le vent y forge son empreinte, les fleurs y soufflent leur essence et le minéral se confond avec le végétal. Tout le vivant érode dans le reflet de ses terres...
Chloé Levesque – La couleur comme matière
Ses teintes ne sont pas appliquées, elles s’affrontent, se frôlent, se superposent et créent une danse qui évoque le bouillonnement du monde. Dans ses dessins, l’infiniment grand rejoint l’infiniment petit : la courbe d’un paysage devient celle d’un brin d’herbe.
Des fragments de matière qui fusionnent, comme un assemblage de motifs du Réel.
Alaïs Raslain – Les mirages de givres
Un seul élément, l’eau, observé scientifiquement lors d’une résidence au Groenland apporte ici une infinité de possibilités dans sa forme solide. Les jeux aiguisés de formes et de reflets chimériques qui composent la glace nous subjuguent. L’eau glacée se dresse comme un monument monstrueux, et on s’enfonce éblouie dans ses peintures comme dans une cathédrale disco.
Mathilde Brunelet – Horizon d’encre
Mathilde joue avec le hasard et les matières qu’elle chine : vieux papiers, tissus oubliés.
Elle les imprègne de pigments naturels, comme une alchimiste à l’écoute des réactions imprévues et sculpte ses toiles en assemblant ses différentes matières. Sans chercher un résultat précis, elle se laisse guider par ce dialogue spontané qui finit toujours par esquisser un horizon. La figure de l’horizon, à la fois mirage et promesse, incarne la quête artistique : point de fuite infini, ce rêve prend forme mais reste insaisissable.
Margaux Desombre - L’intime rêvé.
Sa peinture à l’huile, vaporeuse et enveloppante, sublime le quotidien à travers un voile liquide et tendre. Elle nous entraîne dans une dérive poétique, une contemplation fluide où l’ordinaire se métamorphose au fil de l’eau en bonbon enchanté. Seules œuvres figuratives de l’exposition, elles portent en elles l’abstraction d’un flot énergétique mystérieux et irréel.
À travers leurs œuvres, ces cinq artistes approchent ce moment de grâce quand la matière prend forme de manière inexplicable et sublime. L’exposition Hylé souhaite révéler cet instant insaisissable où tout bascule, cette fulgurance inintelligible qui bouleverse le regard et nous parcourt comme un frisson. Hylé est une célébration de l’impermanence et du changement constant qui régit le monde. Car c’est bien dans le flux incessant, la transformation et la pluralité du réel que s’érige, parfois, la grâce.
Hylé - ὕλη
Comme le philosophe Héraclite écrivait dans ses fragments : « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. »
Photos de l'exposition : © Romain Darnaud