Être Relation: Exposition #3, saison 4
Curation de l'exposition : Jeanne Barral
16 rue de la Corderie, 75003 Paris
Être relation, c’est la rencontre entre 5 femmes, 5 artistes, 5 identités qui se questionnent et nous questionnent. Nour Awada, Valérie Burnand Grimaldi, Margaux Derhy, Marta Nijhuis, et Célia Rakotondrainy sont un cercle dans le cercle. Elles incarnent un des groupes du Cercle de l’art : mais qu’est-ce qui les rassemble ?
Le plaisir du trait, de la main qui trace, qui crayonne, qui touche, qui caresse et qui voit pour Nour Awada, mais aussi Célia Rakotondrainy et Marta Nijhuis. Sans doute. Celui du fil, que l’on tire, d’une broderie de Margaux Derhy à celui qu’on tisse au stylo 3d avec Nijhuis. L’amour de l’image aussi : celle qu’on renvoie dans le miroir ou qu’on floute à travers l’eau
pour Rakotondrainy, celle qui apparait dans les marais picards, au détour d’un ravin ou d’un talus pour Valérie Burnand Grimaldi. Certainement. Et pourtant chacune propose un univers très singulier.
Awada mène une recherche métaphysique autour de la mémoire du corps et des souvenirs familiaux et civilisationnels qu’il porte parfois malgré lui.
Burnand Grimaldi promène son regard sur des campagnes de prime abord peu pittoresques, et finit par s’unir à la nature pour s’ancrer dans un lieu.
Derhy raconte une histoire, celle de sa grande-tante, au travers d’une photo d’identité trouvée, et déploie l’histoire d’une émancipation.
Rakotondrainy pose ses pastels sur des corps vus à travers l’eau ou les fleurs, dans une approche synesthésique du portrait.
Nijhuis fait parler les mains des héros du quotidien, de sa mère ou de la culture populaire pour proposer d’autres manières de voir. Souvent, ces artistes créent avec les autres et par leurs récits. Elles rencontrent et intègrent d’autres paroles et visions.
Il nous a semblé qu’au-delà des différences entre leurs pratiques, leur quête d’identité et de la façon de la matérialiser les rassemblait. À partir d’une expérience plus ou moins douloureuse d’un exil ou de celui de leur famille, chacune travaille à sa manière sur ses propres racines généalogiques, géographiques, culturelles et linguistiques et comment ces dernières s’emmêlent.
Elles réfléchissent de manière fondamentale et visionnaire à l’identité et l’altérité dans un monde de métissages. Devant le foisonnement et la richesse de leur pensée, la question de l’identité d’artiste, de l’individu se pose. Quand on a des origines multiples, quand on se sent déraciné, comment crée-t-on et que crée-t-on ? Des images, certes, mais aussi et surtout des relations : aux autres, à sa culture ancestrale, à des paysages fantasmés, des ascendances rêvées.
Photos de l'exposition : © Romain Darnaud