Biographie

Le travail de Julie Ozanne est placé sous le signe d’une métamorphose opiniâtre : elle dessine donc elle se construit.

Au début de ses créations, ses dessins présentent des femmes, séduisantes mais anatomiquement incomplètes, entourées d’invisibles prédateurs. Ces figures expriment une féminité inquiétée, crainte et craintive, mais néanmoins violemment revendiquée.

Aujourd’hui, son travail reste centré sur des femmes, mais cette fois dénudées, exposées dans leur intimité, mises à nu, littéralement et symboliquement, du dedans vers le dehors.

L’outil d’expression privilégié de l’artiste est le dessin, et le support qu’elle utilise est le calque, vu comme une métaphore de la peau : soyeuse, laiteuse, précieuse, mais aussi résistante, capable de supporter les griffures qu’elle lui impose. En effet, elle coud sur cette « peau-papier » une broderie sauvage qui rappelle à la fois le tatouage et le bijou. Sur ce fond, le dessin d’un corps se fait d’un simple trait de crayon, mais c’est le fil coloré qui structure profondément l’anatomie. Le fil, irrémédiablement marqué, relie entre eux des parties du corps, comme la main et le téton, la bouche et le sexe, un sein à l’autre, construisant ainsi une cartographie secrète du corps féminin. L’œuvre Voie lactée illustre ce pouvoir nouvellement revendiqué, représentant une Junon moderne qui fait jaillir le lait pour former une constellation nouvelle. Ce pouvoir divin se superpose ou coexiste avec la vulnérabilité des premières figures féminines.

Le fil devient également un chemin que l’artiste suit, comme l’enfant des contes de fées, guidée uniquement par sa rêverie. Parfois, ce fil s’emmêle, et Julie Ozanne accepte cet emmêlement, le laissant exprimer quelque chose d’imprévu et intime. Parfois, elle découd pour tracer un autre chemin, un chemin inversé, un chemin plus patient et méticuleux. À chaque étape, ses pensées progressent, doucement, en suivant le fil, le crayon et les traces laissées par l’aiguille comme des repères d’un territoire intérieur secrètement exploré, dont les corps dessinés seraient les cartes à déchiffrer.

Au fond, Julie Ozanne pourrait dire : « Mon dessin est mon corps. À travers lui, je poursuis l’exploration des identités multiples dont je suis constituée et dont je cherche à percer tous les mystères. »

 

C’est là sa quête.

 
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