Julie Espiau Française, 1968
Julie Espiau a opéré un virage à 360 degrés en se réinventant dans la sculpture : c’est une véritable révélation pour elle. La terre la apaise et lui permet de s’évader ; elle entre dans sa bulle. Avec le passage à la terre, Julie Espiau met en forme ce qu’elle dessinait autrefois.
Paradoxalement, son travail de sculpteur est très influencé par la vision de la femme chez des peintres coloristes tels que Matisse et Gauguin, par la structuration des corps de Modigliani et ceux de Picasso, mais aussi, de manière plus surprenante, par le travail des formes et des couleurs d’un Kandinsky.
Cependant, dans ses créations, Julie Espiau explore un tout autre univers : celui des corps voluptueux des femmes, en mettant en exergue les vides et les pleins qui entremêlent des lignes et des courbes.
- Sublimer la volupté
En tant que femme et maman de cinq enfants, Julie Espiau souhaite en finir avec les stéréotypes des corps parfaits. Elle a ainsi décidé de sublimer la volupté des corps pour dénoncer les canons de la beauté féminine. Les corps qu’elle façonne échappent à la représentation de la « femme objet » et trouvent dans ses sculptures une scène pour s’exprimer.
Julie Espiau met en forme les courbes généreuses et les attitudes sensuelles sous les traits de Naïades et de Sirènes. Souvent représentées nues dans la peinture classique, ces figures admiraient leurs corps dans le miroir de l’eau. Elle a souhaité réinterpréter cette vision de la beauté. Ses déesses possèdent des corps généreux et des sentiments universels. La beauté d’un corps ne se réduit pas à sa perfection. Elle réside au contraire dans sa particularité et surtout dans sa différence. La femme n’existe pas, il y en a des milliers, toutes aussi belles les unes que les autres.
-Sculpteur du vide
Bien plus que la simple représentation des corps, Julie Espiau cherche à exprimer par les vides les émotions exacerbées. Elle passe à travers l’enveloppe corporelle pour faire resurgir l’intime et le personnel, ce que l’on veut, ou ne peut pas dire. Les vides et les pleins font partie intégrante de ses sculptures. L’un n’existe pas sans l’autre. Ils se complètent, dialoguent et s’entremêlent pour donner naissance à une création originale. Julie Espiau modèle la matière et sculpte le vide, comme autant de destinations pour dévoiler les émotions et l’intimité.
- L'influence océanique
Chaque pièce est unique. À chaque forme se marie une couleur, en résonance avec une émotion. C’est le début de la rencontre entre notre perception et nos sens les plus profonds.
Son installation en 2018 sur la côte basco-landaise et la proximité avec l’océan constituent une source constante d’inspiration. Pour créer, Julie Espiau se nourrit de toutes les représentations féminines et des attitudes corporelles qu’elle retrouve sur les plages, mais aussi des formes et couleurs qu’elle observe dans la nature, liquide et solide. Ensuite, elle laisse libre cours à son imagination.
- Distinctions
Deux distinctions sont à l’origine de son installation professionnelle : le prix de la Céramique Contemporaine à Artoulouse en 2017 et le prix de sculpture à Marssac-sur-Tarn.
Ses « Élégantes marines » ont reçu le coup de cœur du jury, toutes disciplines confondues, au Salon des Arts Aquitains à Blanquefort pour l’ensemble des « Élégantes marines » et une mention du jury au Salon d’Automne d’Anglet.